Souvent appelée « poumon de la Méditerranée », la posidonie est une plante aquatique endémique qui constitue l’une des plus importantes richesses de la mer Méditerranée. Elle s’épanouit sur les zones côtières, des premiers mètres de profondeur et jusqu’à environ 40 m de fond. La posidonie constitue l’une des sources d’oxygène les plus importantes de la Méditerranée. Elle représente donc un enjeu écologique local mais aussi à bien plus grande échelle, quand on sait que la majeure partie de l’oxygène qui nous fait vivre provient des mers et océans de notre planète. Avec une production allant jusqu’à 20 litres d’oxygène par jour et par m2, la posidonie de Méditerranée est une source de vie de haute importance. À l’instar de quelques autres écosystèmes précieux comme les mangroves et les marais salés, les herbiers de Posidonie piègent et stockent une grande quantité de carbone, jouant un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Les herbiers de posidonie, ces prairies sous-marines côtières de la Méditerranée, ont d’autres fonctions cruciales pour l’écosystème marin. Ils ont notamment un rôle de stabilisation des sols marins, qu’ils protègent par ailleurs de l’érosion. Les herbiers amortissent la houle à l’approche des côtes, préservant ainsi le rivage et sécurisant certaines parties du littoral en cas de mer agitée.
Très sensible à la pollution, la posidonie est une plante référente pour mesurer l’état de salubrité des eaux méditerranéennes. Sa santé est bon indicateur pour connaître l’état de pollution des eaux, localement ou de manière plus générale.
La nette diminution des herbiers de posidonie en Méditerranée au cours du dernier siècle et de manière plus accélérée au cours des cinquante dernières années suscite de grandes inquiétudes. La menace qui pèse sur cet écosystème précieux est due aux actions conjointes de la pollution des eaux, de l’urbanisation des côtes, des activités de pêche et du tourisme de plaisance.
Les prairies de posidonie forment des écosystèmes d’une grande richesse. Près de 25 % de la faune méditerranéenne y trouvent refuge : de nombreuses espèces marines vivent en permanence dans l’herbier de posidonie, d’autres y viennent pour se nourrir ou pour se reproduire. Les seiches, les castagnoles et les sars, à l’instar de beaucoup d’autres animaux marins, y passent les premiers temps de leur vie. Nurserie naturelle, l’herbier de posidonie est un paradis pour les plongeurs, qui peuvent y observer une incroyable concentration d’espèces. Présent dès les premiers mètres de fond, l’herbier de posidonie peut se découvrir aussi lors de randonnées en palmes, masque et tuba. Parmi les spécimens à observer figurent des oranges de mer, éponges endémiques de la Méditerranée qui se fixent sur les rhizomes de posidonie, ou encore des groupes de mendoles.
On parle « d’herbier » parce que la posidonie est bien une plante et non une algue. Composée de racines, d’un rhizome et de feuilles, elle produit aussi des fleurs et des fruits pour sa reproduction. La floraison est cependant très dépendante des conditions extérieures comme la température de l’eau. Le petit fruit qui se forme ensuite à l’aspect d’une petite olive. Il n’est pas rare d’en trouver sur les plages au printemps. Parmi les autres traces de posidonie à observer sur les plages figurent les pelotes de fibres qui se forment dans les courants marins après la décomposition de la plante. Au début de l’automne, les premières mers agitées ramènent sur la plage des débris de feuilles de posidonie en banquettes épaisses. Celles-ci vont protéger le littoral de l’érosion par les vagues durant la période hivernale et la saison des tempêtes.
Les feuilles séchées de posidonie ont été jadis utilisées pour fabriquer des toits de chaume en Corse, en Afrique du nord et notamment en Egypte. En Italie, les verriers de Murano les utilisaient pour protéger leurs créations lors de leur transport. Elles ont pu aussi être utilisées comme paillasse, ou comme litière pour les animaux d’élevage.